L'astucieuse fille du paysan

Origine de la collecte : Algérie
Illustration : Nora Aceval

Séduit par l’intelligence de la fille d’un paysan, le sultan l’épousa tout en lui interdisant d’intervenir dans les affaires du royaume sans y être invitée. Mais la subtile femme finit par intervenir…

Écouter le conte en français dit par Nora Aceval

Écouter le conte en arabe algérien dit par Mustapha Chaïb

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Le texte du conte

Pour se trouver un vizir, un grand sultan posa une énigme à ses sujets :
- C’est un arbre qui possède douze branches ; chacune des branches comporte trente feuilles et chacune des feuilles renferme cinq graines ! Sera mon vizir celui qui, dès demain, me rapportera la réponse. Il arrivera au palais nu et habillé à la fois ; transporté et marchant à la fois.

Parmi les hommes se trouvait un paysan ambitieux. Il courut consulter sa fille qu’il savait intelligente. Sans hésiter, elle lui dévoila la solution:
- Père ! L’arbre représente l’année, les branches les douze mois, les feuilles les trente jours. Quant aux graines, elles sont les cinq prières quotidiennes qu’effectue le musulman.
- Mais comment être nu et habillé à la fois ? Comment me déplacer à pied tout en étant transporté ?
- C’est simple. Demain, très tôt tu t’habilleras du seul vêtement que je vais te confectionner à partir d’un filet de pêcheur. Tu seras donc à la fois habillé et nu. Ensuite, tu n'auras qu'à monter sur notre jeune baudet. Comme tu as de longues jambes, elles toucheront le sol. Tu seras donc à pieds et à dos d’âne.

À l'aube, le paysan triompha et le sultan qui apprécia son intelligence, en fit son vizir. Ainsi, le nouveau vizir gouverna grâce à l’aide discrète de sa fille. Mais, avec le temps, le sultan qui était un homme d’esprit eut un doute à son sujet. Un jour, il l’interrogea :
- Voilà un moment que je t’observe. Tes solutions, bien qu’efficaces ne me semblent pas être le fruit d’une intelligence masculine. Éclaire-moi par la vérité et tu seras pardonné. Si je découvre que tu m’as menti, je te ferai couper la tête.

Le vizir, confus, avoua :
- Sire ! Je vous demande pardon. C’est ma fille unique qui me conseille.

Le monarque, qui n’avait pas trouvé la femme de ses rêves, lui pardonna et lui demanda la main de sa fille. Cette dernière accepta. Mais le sultan exigea d’elle de ne jamais intervenir dans les affaires du royaume sans y être invitée. Elle en fit serment. Le temps s’écoula dans l’harmonie et le respect des convenances, jusqu’au jour où un verdict injuste rendu par le sultan suscita le courroux de la jeune femme. Un pauvre paysan se trouva dépossédé de son ânon par un riche marchand qui prétendait que cet ânon était né de sa mule. Or, le sultan avait donné raison au marchand bien que chacun sut que les mules sont stériles.

Le paysan débouté, l’air attristé, quittait le palais, quand la sultane l’interpella, de sa fenêtre :
- Hé ! Homme de bien ! Approche, je vais t’aider à récupérer ton animal.

Intrigué, le paysan écouta attentivement le conseil qu’elle lui souffla, et le sourire aux lèvres, il s’en retourna dans la salle d’audience et demanda la parole :
- Sire, j’ai oublié de vous signaler un autre étrange phénomène dont j’ai été témoin.
- Lequel ? Parle vite !
- Un banc de poisson paissait dans le champ du marchand !
- Des poissons qui paissent ? Tu te moques de moi ?
- Ô grand sultan ! Pourquoi ne pas admettre que tout peut arriver à l’époque où les mules mettent bas ?

Le sultan admit son erreur et fit restituer son bien au paysan. Non sans exiger de lui une explication :
- Dis-moi ! Pourquoi t’es-tu ravisé ? De qui tiens-tu ces répliques astucieuses ?
- D’une aimable femme du palais à sa fenêtre, Sire.

Le sultan, furieux, se précipita auprès de son épouse :
- Tu as rompu le pacte. Tu es intervenue dans les affaires du royaume sans que je te le demande. Emporte tout ce à quoi tu tiens et quitte ce palais dès demain matin.

La jeune femme accepta sans broncher la décision souveraine. Pour leur dernier dîner, discrètement, elle versa une poudre soporifique dans le café du sultan. Dès qu’il sombra dans un sommeil profond, elle l’enferma dans un coffre et l’emporta avec elle. Le lendemain, lorsque le sultan ouvrit les yeux, il fulmina :
- Que fais-tu encore à mes côtés ? Ne t'ai-je pas ordonné de t’en aller ? Mais, où suis-je ?
Elle répondit d’une voix tendre :
- Monseigneur ! Je suis partie. Et tu as bien précisé que je pouvais emporter avec moi tout ce à quoi je tenais, n’est-ce pas ? Et comme tu es mon bien le plus précieux, c’est toi que j’ai emporté !

Le sultan, désarmé, ne put retenir un sourire affectueux. Il dit alors avec douceur :
- Mon épouse ! Je dois admettre que tu es vraiment subtile et sage. Je te décharge désormais de ton serment car tes conseils me sont les plus précieux. Retournons chez nous à présent !

Mon histoire a suivi le cours de la rivière et moi je suis restée avec les seigneurs !

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

L'Algérie

(République démocratique et populaire d'Algérie)

Population : Les algériens et les algériennes. Plus de 35 millions d’habitants.

Langues : L’arabe classique est la langue officielle de l’Algérie. Bien que les statistiques sur des bases linguistiques soient interdites en Algérie, nous savons que l’arabe algérien (ou darja) est la langue utilisée par la majorité de la population, le français vient ensuite, et enfin le berbère, reconnu langue nationale depuis 2002. Depuis l’indépendance de l’Algérie, la politique linguistique favorise l’arabisation de la société algérienne.

Situation géographique : L’Algérie est un pays d'Afrique du Nord. A l’ouest : le Maroc et le Sahara occidental. Au nord : la Méditerranée. A l’est : la Tunisie et le Libye. Au sud-est : le Niger. Au sud : la Mauritanie et le Mali.

Superficie : 2 380 000 km²

Climat : Le climat de l’Algérie est méditerranéen au nord et désertique au sud.

Capitale : Alger

Hymne national : Kassaman

Devise nationale : Par le peuple et pour le peuple

Monnaie : Dinar algérien

IDH (Indice de développement humain) : 0,677, IDH élevé (chiffres 2010)

Indépendance : Décolonisation de la France le 5 juillet 1962

Pour en savoir plus : Article « Algérie » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Alg%C3%A9rie/104806

Drapeau: 
Drapeau de l'Algérie

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

L'arabe

Famille de langues : L’arabe est une langue sémitique de la famille des langues Afro-asiatiques.

Pour en savoir plus sur la famille des langues afro-asiatiques, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-afro-asiatiques

Nombre de locuteurs : plus de 200 millions de locuteurs.

Pays : L’arabe est la langue officielle de plus d’une vingtaine d’Etats, essentiellement en Afrique et en Asie.

Expansion : A partir du VIIe siècle, l’arabe connait une très forte expansion grâce à la propagation de l’Islam, la diffusion du Coran et la puissance militaire des Arabes.

Les formes principales : l’arabe dialectal et l’arabe classique. Les deux formes d’arabe sont fortement liées historiquement et idéologiquement.

  • L’arabe classique (aussi appelé arabe éloquent, arabe grammatical, arabe littéraire ou arabe du Coran) est une langue associée à la religion et à l’écrit. Prestigieuse elle est associée à la culture littéraire, à la science, à la technologie et à l’administration.
  • L’arabe dialectal et l’amazigh sont les langues parlées, utilisées dans la vie courante et véhiculent une culture populaire traditionnelle et contemporaine. L’arabe dialectal est le fruit de la fusion de l’arabe du VIIe siècle avec des parlers provenant des conquêtes militaires ainsi que des brassages de population des langues sud-arabiques, berbères, africaines, etc. Ces variétés dialectales sont extrêmement nombreuses et persistent dans le monde arabe à tel point que la compréhension devient quelques fois difficile. Ceci est surtout vrai pour l’arabe dialectal des pays du Maghreb et de la Méditerranée par rapport à celui du Proche-Orient.
  • L’arabe dialectal du Maghreb : Le parler algérien, marocain et tunisien, est un dialecte composé d’arabe et de l’amazigh (ou berbère). Malgré les nuances, ces trois pays se comprennent entre eux. Si l’arabe s’est imposé, le berbère se parle couramment dans les trois pays et demeure une langue vivante. Tout comme les langues ont essaimé entre elles, les récits qu’elles véhiculent sont les mêmes. En tendant l’oreille on reconnait des mots arabes dans le berbère tout comme on reconnait des mots berbères dans l’arabe ! On parle alors de personnes arabophones et berbérophones.

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Nora Aceval

conteuse algérienne

Nora AcevalConteuse traditionnelle à voix nue, se place dans la Transmission. Elle est née à Tousnina sur les hauts plateaux de Tiaret dans le sud-ouest algérien. Son enfance entre Tousnina et Sougueur fut bercée par les contes populaires que disaient les femmes de sa tribu des Ouled Sidi Khaled.

Née d’un père Français d’Algérie et d’une mère arabe, elle se trouva enrichie d’une double culture : Un pont entre l’Algérie et la France.

Pour en savoir plus : www.nora-aceval.com/

Photographie : B. Rupin

Mustapha Chaïb

conteur algérien

Mustapha Chaïb est né à Tiaret (Algérie) en 1971. Bilingue arabe français, il fit des études en littérature française. Son intérêt pour le conte date de son enfance. Il assista souvent Nora Aceval pour des traductions et des recherches en langue arabe. Conteur amateur, il creuse le sillon et se forme en permanence pour la maîtrise de cet art qu’il considère comme majeur.

Commentaires

super

Je suis en 6e et et on fait,des exercices sur ces contes.

C'est un très bon conte !

C'est un très bon conte !

C'est un très bon conte, je le lis =)

C'est un très bon conte, je le lis =)

Youpi ! J'adore ce conte-là

Youpi ! J'adore ce conte-là

Droits d'auteur

Bonsoir je voulais vous demander si ces contes sont soumis à des droits d'auteurs ou pas ? Est-ce possible de les utiliser dans le but de les publier ou pas ?
Merci à l'avance

Droits d'auteur

Bonjour,
Les versions des contes présentes sur ce site internet sont effectivement soumises aux droits d'auteur et ne peuvent être publiées à des fins commerciales.
Bien cordialement,
L'équipe de Conte-moi

Émouvante la fin

J'ai trop adoré la fin quand il lui a dit de partir et d'emporter tout ce à quoi elle tenait. Elle a emporté le sultan. Quand il s'est réveillé il lui a demandé : "Je fais quoi là ?". Elle a dit : "Tu as dit que je pouvais emmener tout ce qui me tenait à coeur donc c'est toi qui me tiens à coeur donc je tai ramené toi". Troooooop chou

C'était cool

C'était cool

Super

Super

Whaou !

J'adore ce conte parce qu'il montre bien que les hommes ne sont pas les plus sages, ni les plus intelligents, ni les meilleurs !!!
C'est l'un de mes contes préférés au niveau de sa philosophie !

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