L'araignée qui mange le jaguar
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Le texte du conte
Kric- krac
C’est l’histoire de l’araignée qui mange le jaguar
Anansi l’araignée vit avec sa femme Ma'koeba et ses enfants, Ontimang, Asengéo, Apanikitapun, dans un petit village, où un jour la famine leur rend visite. Ils n’avaient plus rien à manger et avaient faim. Anansi est un homme qui n’aime pas avoir faim mais qui n’aime guère travailler. En revanche, Anansi est très malin.
Anansi s’assoit sur un banc et commence à réfléchir : « Comment trouver de quoi manger ? ». Il envoie son fils chercher à manger mais celui-ci revient sans rien, puis les deux autres enfants, qui reviennent eux-aussi bredouille. Pour finir, il envoie sa femme Ma’koeba mais elle revient les mains vides.
Soudain lui vient une idée. Anansi dit : « Je ne sais pas pour vous mais moi, je vais manger Compère Tigre, le jaguar ! ». Sa femme Ma’koeba lui répond : « Mais tu es fou Anansi ! Manger le tigre ? N’importe quoi ! ».
Sur ces belles paroles, Anansi va voir Compère Tigre le jaguar :
« Bonjour mon ami, comment vas-tu ? lui dit Anansi. Comme tu le sais, c’est la famine dans le village, il n’y a plus rien à manger, Mais moi je sais que toi tu as de quoi manger, fais-moi un prêt. Je voudrais un kilo de riz, un kilo de sel et un litre d’huile.
- C’est tout ? lui demande Compère Tigre le jaguar. Tu ne veux pas de viande ?
- Ne t’en fais pas pour la viande ! lui dit Anansi.
- Et quand me rendras-tu mon dû ? lui demande Compère Tigre.
- Cet après-midi même, vieux frère ! »
Sur ces paroles, Anansi retourne chez lui. Il avait fait ce qu’il avait dit, Anansi avait trouvé de la nourriture pour sa famille.
« Mais où est la viande ? demande sa femme
- Ne sois pas pressée, ma chère, lui dit Anansi. Ce sont les grains de riz qui font les sacs des riz. Cet après-midi, la viande viendra d’elle-même. »
Effectivement, le tigre se présente au bout de trois heures pour récupérer son argent comme il avait dit. Dès qu’il le voit arriver, Anansi se met à courir avec toute sa famille pour rentrer dans une ruche vide qui se trouvait derrière la maison.
Mais le tigre les voit et il demande :
« Anansi, pourquoi cours-tu ? Où est mon argent ?
- Ah désolé, je n’ai pas ton argent pour te payer, vieux frère ! lui dit Anansi.
- Comment ? Tu me fais venir ici et tu me dis que tu n’as pas mon argent ? Et bien, dans ce cas, je vais te manger ! lui dit Compère Tigre.
- Ah, essaie de m’attraper si tu peux ! » lui dit Anansi.
Tigre se met en colère : « Mais je suis le tigre, personne ne me manque de respect. Je vais te le prouver de suite ! ». Tigre arrache la ruche de terre et la prend sur ses épaules.
Derrière la maison d’Anansi, coule une rivière où habite une anguille. Tigre lui demande : « Anguille, j’ai besoin de tes services, j’ai besoin d’aller chercher du bois pour faire un bon feu. Peux-tu me surveiller cette ruche ? ». Anguille lui répond : « Oui mais fais vite car moi aussi j’ai à faire. »
Le tigre s’en va chercher du bois et, pendant ce temps, Anansi et sa famille sortent de la ruche.
L’anguille lui dit : « Anansi, où vas-tu ? Le tigre m’a demandé de surveiller la ruche pour lui !
- Mais qu’est-ce que tu es bête Anguille, Tigre t’a dit de surveiller la ruche, pas moi ! » lui dit Anansi.
L’anguille obtempère et ne donne pas l’alarme. Anansi va se cacher derrière un arbre Wapa avec sa petite famille.
Lorsque le tigre revient, il soulève la ruche et la trouve bien trop légère.
« Anguille, où est passé ce qu’il y avait dans la ruche ?
- Ah tu veux parler d’Anansi et de sa famille ? lui dit l’anguille. Comme tu m’as dit de surveiller la ruche et pas ce qu’il y avait dedans, je les ai laissés partir !
- Dans ce cas, c’est toi-même qui finiras au fond du feu ! » lui dit Compère Tigre.
Il attrape Anguille par le cou et la jette dans le feu. Anguille commence alors à danser sur le feu. Tigre n’en revient pas, Anguille a l’air contente !
« Mais Anguille, dit Compère Tigre, quel plaisir prends-tu donc à danser comme ça ?
- Ah tu veux voir et bien, viens et prends ma place ! » lui dit Anguille.
Le tigre était à peine arrivé sur le feu que son poil s’est enflammé et qu’il s’est évanoui de douleur. Quant à Anansi, il a aussitôt envoyé sa femme et ses enfants chercher plus de bois et il s’est approché du tigre, muni d’une corde. Il a alors attaché bien serré le tigre qui n’avait plus de poil et il l’a assaisonné avec du sel, du miel et du piment puis il a commencé à le faire boucaner. Quand le tigre était bien cuit, toute la famille d’Anansi l’a dégusté.
C’est alors qu’Anansi dit : « Ce n’est pas parce que quelqu’un est petit, qu’il ne faut pas se méfier de lui ! ».
Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.
Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !
La Guyane
Population : Les Guyanais et les Guyanaises. Plus de 260 000 habitants (source Insee).
La Guyane est un département français multiculturel avec une population très diversifiée. On y compte plus de 25 groupes ethniques ayant chacun leur langue et leur culture propres : les Amérindiens, la population d’origine africaine, les Européens, les immigrants asiatiques et quelques autres ethnies (Libanais, Brésiliens, Haïtiens, Surinamiens).
On distingue les Créoles, qui constituent le groupe culturel guyanais le plus important (40%). La plupart d’entre eux habitent généralement sur le littoral (villes de Cayenne, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni et Mana).
La population bushinengé, ou Noirs Marrons : il s’agit principalement des Bonis, des Djukas, des Paramakas et des Alukus. Les Noirs Marrons sont les descendants d’anciens esclaves surinamiens en rébellion, qui avaient décidé de retourner vivre, comme leurs ancêtres, dans la forêt. C’est en raison de leur mode de vie en forêt qu’on les appelle les «bush negroes» ou « Busi nengee » pour les identifier. Les Bushinengés vivent surtout sur les rives du fleuve Maroni (ou l’un de ses affluents) qui délimite la frontière entre le Surinam et la Guyane française.
Les Amérindiens, répartis en six ethnies (les Arawaks, les Palikurs, les Galibis, les Wayanas ou Roucouyennes, les Oyampis ou Wayampis, et les Emerillons) vivent majoritairement au sud du pays.
La population chinoise est arrivée en Guyane au XIXe puis au XXe siècle.
Les Hmongs, fuyant la répression à la fin de la guerre d’Indochine, arrivent quant à eux à partir de 1977. Ils représentent environ 2 000 personnes regroupées sur les communes de Cacao et Javouhey.
Enfin, les Français originaires de l’Hexagone représentent environ 12% de la population.
Langues : Le français est la langue officielle de la Guyane française et représente la langue maternelle de 10% de la population venant de métropole, ainsi que de certaines parties bilingues de la population (en particulier à Cayenne). Il existe néanmoins de nombreuses langues très différentes les unes des autres, parlées par les diverses populations guyanaises :
- les langues amérindiennes (arawak ou lokono, emérillon ou teko, kali’na, palikur, wayana et wayampi) parlées par moins de 5% de la population ;
- les langues créoles à base lexicale française (créole guyanais, créole haïtien, créole martiniquais, créole guadeloupéen, créole de Sainte-Lucie), qui représentent la langue maternelle d’environ un tiers de la population ;
- les langues créoles à base lexicale anglaise (aluku, ndyuka, pamaka et sranan tongo), parlées par plus d’un tiers de la population (mis à part le sranan tongo, langue maternelle d’une très faible partie de la population guyanaise) ;
- la langue créole à base anglaise (saamaka), parlée par environ 10 000 personnes ;
- les langues européennes (français - 10% de la population, portugais du Brésil - entre 5 et 10% de la population, anglais du Guyana - 2%, néerlandais, espagnol) ;
- les langues asiatiques (hmong et chinois) représentant un peu plus d’1% de la population.
Source : Archives Audiovisuelles de la Recherche, 2007.
Situation géographique : La Guyane française est un département français d’outre-mer situé au nord-est de l'Amérique du Sud, entre le Surinam et le Brésil. Sa population se concentre essentiellement le long du littoral et aux bords des grands fleuves et de leurs estuaires. Tout l’arrière-pays est couvert de vastes forêts tropicales humides.
Superficie : D'une superficie de 86 504 km², soit à peu près la même que le Portugal, la Guyane française est le plus grand département français d'outre-mer (équivalent à 16 % du territoire de l’Hexagone).
Climat : Le climat est équatorial. La température reste constante toute l'année : en moyenne 26 °C. Le rythme des saisons n’est marqué, dans cette région équatoriale, que par les pluies. Il existe quatre saisons : en janvier et février, c'est la petite saison des pluies, qui allie soleil et averses tropicales. De mars à mi-avril, c'est la petite saison sèche, encore bien ensoleillée. De mi-avril à fin juin, c'est la grande saison des pluies. La saison sèche s'étend de juillet-août à novembre.
Ville chef-lieu : Cayenne.
Hymne national : La Marseillaise.
Devise nationale : Liberté, Egalité, Fraternité.
Monnaie : L’euro.
Pour en savoir plus : Article « Guyane » du Larousse :http://www.larousse.fr/encyclopedie/departement/Guyane_973/122825
Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.
Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".
Les langues de Guyane
En Guyane, il existe de nombreuses langues très différentes les unes des autres, parlées par les différentes populations guyanaises.
Le français : Langue officielle de la Guyane française, le français représente la langue maternelle des 10% de la population venant de métropole ainsi que de certaines parties bilingues de la population (en particulier à Cayenne).
Les langues amérindiennes : arawak ou lokono, emérillon ou teko, kali’na, palikur, wayana et wayampi, les langues amérindiennes sont des langues autochtones appartenant à trois familles linguistiques (caribe, tupi-guarani et arawak), elles sont parlées par moins de 5% de la population guyanaise.
• Le kali’na, anciennement appelé "galibi", est une langue caribe. Elle comprend deux principaux ensembles dialectaux : le dialecte oriental (celui de Guyane et de l’est du Surinam) et le dialecte occidental (allant du Vénézuela à l’ouest du Surinam). Le kali’na oriental, variante parlée en Guyane française de la langue kali’na, comprend 6 voyelles et 12 consonnes. En Guyane, le kali’na est surtout parlé dans la commune d’Awala-Yalimapo et partiellement dans d’autres communes de l’ouest : Mana, Saint Laurent, Iracoubo, ainsi que dans l’agglomération cayennaise et à Kourou. Le kali’na est la seule de toutes les langues amérindiennes à être partagée entre des pays parlant cinq langues officielles : espagnol au Venezuela, anglais au Guyana, néerlandais au Surinam, français en Guyane et portugais au Brésil (sur la rive droite de l’Oyapock).
Source : http://corpusdelaparole.huma-num.fr/spip.php?article50
• Le teko désigne la langue des Tekos et veut dire « nous ». Il est également appelé émérillon. C’est une langue tupi-guarani parlée dans l’ouest de la Guyane, sur le Haut-Maroni et le Tampok, et dans l’est du département, sur le cours moyen de l’Oyapock. Cette langue est purement orale, et c’est la seule langue amérindienne parlée exclusivement en Guyane française.
Les langues créoles à base lexicale française (créole guyanais, créole haïtien, créole martiniquais, créole guadeloupéen, créole de Sainte-Lucie) : le créole guyanais résulte de l’esclavage et de la colonisation française en Guyane. C’est la langue maternelle d’environ un tiers de la population ; le créole haïtien est parlé par une population d’origine haïtienne représentant, selon les sources, entre 10 et 20% de la population guyanaise ; les créoles martiniquais et guadeloupéen sont parlés par des Français venant des Antilles, représentant 5% de la population ; enfin, le créole de Sainte-Lucie est issu de l’immigration en provenance de Sainte-Lucie, et parlé par moins de 1% de la population.
Le créole guyanais, qui a le statut de langue régionale, a longtemps été la langue véhicualire en Guyane, et reste la langue des Créoles. Il diffère sensiblement des créoles des Antilles par son lexique et certaines constructions grammaticales. Une importante immigration originaire de Sainte-Lucie, venue en Guyane lors de la ruée vers l’or dès 1850, a contribué à en modifier sensiblement les structures dans certaines zones (à Saint-Laurent, par exemple).
Source : Langues et Cité - Les langues en Guyane - Mai 2004.
Les langues créoles à base lexicale anglaise (aluku, ndyuka, paramaka et sranan tongo) : elles sont parlées par plus d’un tiers de la population, majoritairement les Noirs Marrons (mis à part le sranan tongo, langue maternelle d’une très faible partie de la population guyanaise, notamment dans l’Ouest). Les Aluku, les Ndjuka et les Paramaka se sont au cours de la période du marronnage constitués en groupes séparés, mais leurs trois parlers sont extrêmement proches entre eux et peuvent raisonnablement être considérés comme des variétés dialectales d’une même langue. Le terme généralement employé par les locuteurs pour renvoyer à l’ensemble des trois variantes est celui de "nenge" (en aluku et paramaka) ou "nengee" (en ndjuka). Il désigne explicitement ces trois variantes, à l’exclusion du sranan tongo et du saramaka.
Source: http://corpusdelaparole.huma-num.fr/spip.php?article56
• La langue ndyuka (ndyuka tongo) fait partie des langues businengee, qui font elles-mêmes partie des créoles anglais du Surinam ou créole des plantations. Au Surinam, ces langues sont désignées sous le terme "sranan tongo" et présentent des différences avec le nengee tongo (par exemple, le nengee n’a pas de "r" à l’inverse du sranan). À Saint-Laurent du Maroni, le taki-taki est le nom donné à la langue nengee, bien que ce mot ait une connotation péjorative car il signifie “parler pour parler”, “tumulte”. Une des particularités de ce groupe de langues réside dans l’ajout de voyelles en fin de syllabe ou de mot si la dernière lettre est une consonne.
Source: Académie de Guyane.
• Le nenge tongo est une langue créole afro-américaine parlée depuis plus de deux siècles en Guyane par les Businenges. C’est aussi une composante du sranan tongo (compris par plus d’un demi-million de personnes dans la région).
• La langue créole à base anglaise, le saamaka, est parlée par les Noirs Marrons originaires du Surinam. Les Saramaka constitueraient le groupe de Noirs Marrons le plus important de Guyane, avec environ 10 000 personnes;
Les langues européennes: le portugais du Brésil est parlé par une immigration brésilienne estimée entre 5 et 10% de la population, l'anglais du Guyana est parlé par une immigration venant du Guyana, estimée à 2% de la population, le néerlandais est parlé par une partie de l’immigration surinamienne ayant été préalablement scolarisée dans cette langue, l'espagnol est parlé par une infime partie de la population originaire de St Domingue et de pays d’Amérique Latine (Colombie, Pérou, notamment).
Les langues asiatiques : la langue hmong est parlée par une population originaire du Laos, arrivée en Guyane dans les années 1970, représentant 1% de la population, regroupée essentiellement dans deux villages, le chinois est quant à lui parlé par une immigration d’origine chinoise.
Source : Archives Audiovisuelles de la Recherche, 2007.
Le français
Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.
Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes
Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.
Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.
Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.
Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.
Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.
Ilan Atipa
Conteur guyanais
Conteur, comédien et slameur, Ilan Atipa a créé l’association Ti Moun Gangan qui promeut la culture et la tradition par le théâtre, la danse et le chant. Animateur culturel auprès d’enfants à Saint Laurent du Maroni, il fait vivre le conte au quotidien.
Formé par des professionnels de théâtre de l’association Ks&Co, mais aussi par des conteurs comme Franck Compper, Ilan conte principalement en créole, en français et en businenge des contes businenge qu’il a lui-même entendus lorsqu’il était enfant. Conscient que le conte se perd, il l’invite donc à se poser sur son épaule et ne perd aucune occasion de le livrer au public.