Mariko, le chasseur têtu et l'iguane d'eau
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Le texte du conte
Mariko était un chasseur ! Mais quel chasseur ! Il tuait les animaux comme si ce n’étaient pas des vies. Chaque jour, il en tuait des dizaines et des dizaines dont il exhibait les têtes et les queues comme trophées.
Un jour, sa femme qui n’en pouvait plus de le voir ainsi massacrer les animaux, le conseilla en ces termes :
- Mariko, s’il te plait, arrête de tuer les animaux comme tu le fais. Ce n’est pas bien. Ce sont des vies.
Mariko se moqua de sa femme. Et dès le lendemain, il alla massacrer trois dizaines de bêtes sauvages dont il ramena les queues au village.
À leur tour, les anciens du village le convoquèrent dans leur vestibule et lui dirent :
- Mariko, arrête de tuer les animaux comme tu le fais. Si les chasseurs qui t’ont précédé sur cette terre avaient fait comme toi, tu ne serais pas devenu chasseur, car pas un seul animal sauvage ne leur aurait survécu.
Mariko se moqua des anciens. Et dès le lendemain, il alla massacrer quatre dizaines de bêtes dont il ramena les queues au village.
Ce jour-là, Mariko partit à la chasse. Toute la journée, il battit en vain la savane et ne rencontra aucune bête. Même pas un petit écureuil.
Le soir venu, il s’en retournait bredouille au village en maugréant quand il vit, allongé au bord de la rivière, un grand lézard qui se prélassait aux derniers rayons du soleil couchant. Ses yeux brillèrent de joie. Il n’allait pas essuyer les moqueries de villageois en rentrant bredouille. Il pointa son arme sur le lézard et allait tirer quand celui-ci, se mettant debout comme un homme, il chanta :
« Ne me tue pas Mariko. Ne me tue pas.
Je ne suis pas un lézard ordinaire.
Vois-tu ?
Les marchands du Nord, du Sud
De l’Est et de l’Ouest passent et repassent
Par ce chemin.
Ils me voient ici, tous les jours.
Ils ne m’ont pas tué parce qu’eux, ils savent
Que je ne suis pas un lézard comme les autres ! »
Mariko lui répondit en éclatant de rire :
- Vieux lézard, même si tu chantes toutes les chansons de ton répertoire, moi, je vais te tuer ! Et pan ! il tua le lézard. Il le prit et le jeta sur son épaule et rentra au village.
Au moment de franchir la porte de sa maison, le lézard, bien que mort, lui chanta de nouveau :
- Ne me tue pas, Mariko. Je ne suis pas un lézard ordinaire…
Mariko lui répondit :
- Continue de chanter, hein ! Je vais te rôtir et te manger tout à l’heure. Et on verra bien si tu peux continuer de chanter dans mon ventre !
Il alla jeter le lézard devant sa femme :
- Prépare-moi ça, ma chérie. Je meurs de faim.
- Moi ? lui rétorqua sa femme. Non seulement, je ne prépare pas ce lézard, mais je ne le mangerai pas. Mes enfants ne le mangeront pas non plus. Tu m’entends, Mariko ?
- Tant pis. Je me le préparerai moi-même.
Et Mariko de dépecer le lézard. Il le découpa en morceaux et jeta les morceaux dans le poêle. Mais même en mijotant sur le feu, chaque morceau du lézard chantait :
- Ne me tue pas Mariko. Je ne suis pas un lézard comme les autres.
- Tu vas être prêt et je vais te dévorer à belles dents, dit Mariko. Et on verra bien si tu vas continuer de chanter !
Quand le lézard fut bien cuit, Mariko se mit à le manger. Il invita sa femme. Sa femme refusa. Il invita ses enfants, tous refusèrent. Et il mangea tout seul.
Aussitôt qu’il eut fini de manger, il eut soif, une grande soif qui se mit à lui brûler la gorge. Il cria sur sa femme :
- Apporte-moi à boire ! Je meurs de soif, je meurs de soif !
Sa femme lui apporta un verre d’eau qu’il but d’une rasade. La soif s’aggrava.
Il cria sur ses enfants :
- Apportez-moi de l’eau ! Je meurs de soif ! Je meurs de soif !
Chaque enfant lui apporta une cruche d’eau. Il les avala d’une traite. La soif s’aggrava. Mariko se leva et alla prendre le canari d’eau. Il avala la contenance d’une seule rasade. La soif empira.
Il sortit de la maison en courant, sortit du village à toute allure. Il partit à la rivière, celle au bord de laquelle il avait tué le lézard. Il se baissa et commença à boire l’eau de la rivière. Mais la soif s’aggrava. Il but, but et but. Son ventre s’enfla, se gonfla et finit par exploser. Les morceaux du lézard en sortirent, se recollèrent. Et soudain, le lézard se dressa devant Mariko mourant et lui dit :
- Que t’avais-je dis, Mariko ? Tu l’apprendras à tes dépens.
C’est depuis ce jour que si l’on continue à chasser les animaux, on le fait avec raison.
Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.
Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !
Le Mali
(République du Mali)
Population : Les maliens et les maliennes. Plus de 14 millions d’habitants.
Langues : Le français est la langue officielle du Mali, elle est celle utilisée par l’état, l’administration et l’enseignement. Le bambara est pourtant la langue la plus parlée (par environ 80% de la population). Une trentaine de langues est parlé au Mali, dont une dizaine par plus de 100 000 personnes. Les autorités maliennes ont reconnu 13 langues nationales : le bambara, le bobo, le bozo, le dogon, le peul, le soninké, le songoy, le sénoufo-minianka, le tamasheq, le hasanya (arabe dialectal), le kasonkan et le maninkakan.
Situation géographique : Le Mali est le plus grand pays de l’Afrique de l’ouest. A l’ouest : la Mauritanie et le Sénégal. Au nord : l’Algérie. A l’est : le Niger. Au sud-est : le Burkina. Au sud : la Côte d’Ivoire et la Guinée.
Superficie : 1 241 300 km²
Climat : Le climat malien se caractérise par trois saisons : une saison sèche (mars à juin), une saison des pluies ou hivernage (juin à septembre) et une intersaison ou saison froide (octobre à février) avec un vent saharien desséchant : l’Harmattan.
Capitale : Bamako
Hymne national : Pour l'Afrique et pour toi, Mali
Devise nationale : Un peuple, un but, une foi
Monnaie : Le Franc C.F.A.
IDH (Indice de développement humain) : 0,309, IDH faible (chiffres 2010)
Indépendance : 22 septembre 1960
Pour en savoir plus : Article « Mali » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Mali/131330
Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.
Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".
Le bambara
Famille de langues : Le bambara est une langue mandée.
Pour en savoir plus sur la famille des langues mandées, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-mandees
Les Bambaras sont eux-mêmes des mandés, ils ont les mêmes cultes et la même histoire.
Les Malinkés (les habitants du lieu de règne de l’empereur (capitale, province) aiment à dire que le bambara est la langue des tondjons (c’est-à-dire les militaires) : ces derniers, par souci d’économie, aiment à contracter les mots. C’est ainsi que « koko » (le sel) chez les malinkés devient « Kwa » chez les Bambara, de même que « moko » (être humain, l’homme donc) devient « maan » chez les Bambara (on dit « Ma »).
Nombre de locuteurs : plus de 9 millions de locuteurs, principalement au Mali.
Pays : Le bambara est la langue la plus parlée au Mali (plus que le français, qui est pourtant la langue officielle). Le bambara ou ses dialectes sont également parlés dans les pays voisins du Mali : au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire en Guinée et au Sénégal.
Expansion : Le bambara doit son expansion au commerce, à l’histoire, à la démographie et à plusieurs autres facteurs économiques.
Pour en savoir plus sur le bambara (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/le-bambara
Le français
Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.
Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes
Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.
Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.
Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.
Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.
Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.
Ousmane Diarra
conteur malien
Enfant, il dévorait les caisses d’ouvrages livrées par la Croix-Rouge dans son village de Bassala dans les brousses maliennes. Diplômé de l’Ecole normale supérieure de Bamako (Maîtrise de lettres modernes). Il est actuellement bibliothécaire au Centre culturel de Bamako. Nouvelliste, poète et romancier, Ousmane Diarra est également auteur de livres pour la jeunesse et conteur.
"Néné et la chenille" (Edicef, le Figuier, 1999). "Vieux lézard" (roman, Editions Gallimard, 2006). "Pagne de femme" (Gallimard, 2007). "Le rêve du grand calao" (Le Figuier, 2011).
Commentaires
Bien fait Mariko !
Bien fait Mariko !
morale
Quelle est la morale ?
victoire
bien fait pour lui méchant chasseur